Comprendre ses émotions pour mieux les gérer

A l’origine, nos émotions sont des réactions biologiques, pulsionnelles et spontanées qui sont indispensables à la survie de notre espèce. En provoquant une réaction au niveau de notre corps, elles cherchent à nous mettre en mouvement et nous faire passer à l’action.

Une émotion est un signal envoyé par notre cerveau qui nous renseigne (lorsqu’elle est désagréable) sur un besoin insatisfait. L’émotion est le message qu’utilise notre cerveau pour nous dire : Réagis ! Ce signal ne dure que quelques secondes. Dès lors qu’on accorde du temps à ce signal, on parle alors de sentiment.

Quand on ressent de la colère, de la peur ou de la tristesse, c’est donc un signal envoyé par notre cerveau pour nous faire faire un action, afin de retrouver notre émotion de base : la joie.

En cela, les émotions sont sources d’informations précieuses dans les situations de notre vie quotidienne, et il est néfaste pour nous de les ignorer.

A noter que dans notre société moderne, les émotions sont rarement liées à notre survie. Si elles se manifestent en fonction de situations que nous vivons (déclencheurs externes), elles sont aussi, dans la majorité des cas, liées à nos propres pensées (déclencheurs internes). En effet, selon nos expériences passées, notre vision du monde, nos traumatismes, nos croyances… nos émotions peuvent s’activer même sans déclencheur externe.

Comprendre ses émotions pour mieux les gérer, en développant son intelligence émotionnelle devient alors d’autant plus important.

La joie est la seule émotion que le cerveau cherche à reproduire en permanence. C’est une émotion de connexion et de motivation. Elle nous sert véritablement de moteur pour avancer.

Elle trouve son origine dans la réalisation de soi, l’épanouissement, la réussite ou encore la progression.

Elle témoigne d’un besoin de partager, de se resourcer, de se sentir appartenir à un groupe.

Par conséquent, quand vous vous sentez joyeux∙se, c’est le signe que :

• Ce que vous vivez est bon pour vous
• Vos besoins sont satisfaits dans ce que vous êtes en train de vivre
• Votre environnement est sécurisant et enrichissant
• Vous vous sentez bien et valorisé∙e

Saviez vous que c’est le fait de sourire qui procure de la joie ? Et non l’inverse ! Faites le test : en vous forçant à sourire, vous allez produire de la dopamine et de la sérotonine et ressentir un sentiment de bonheur.

La colère est l’émotion garante du respect de soi et de l’affirmation de soi. Elle constitue un puissant accélérateur pour nous donner la force de sortir de situations insatisfaisantes.

L’émotion de la colère trouve son origine dans l’injustice, le sentiment d’être attaqué∙e, la frustration et le non respect de soi. Par “non-respect de soi”, on entend aussi bien le non respect en provenance d’autrui que de soi-même (en ne respectant pas un engagement que vous avez pris vis-à-vis de vous-même par exemple).

La colère est là pour signaler un besoin d’être entendu∙e, de s’affirmer, de se faire respecter et poser ses limites, ou encore d’obtenir un changement et défendre ses valeurs.

Concrètement, quand vous ressentez de la colère, c’est le cerveau qui porte à votre attention que vous :

• Avez accepté alors qu’au fond de vous vous vouliez dire non
• N’avez pas osé dire que vous n’étiez pas d’accord
• Ne tenez pas un engagement que vous avez pris vis-à-vis de vous-même
• Acceptez sans rien dire une chose qui vous déplait
• Restez dans une situation qui ne vous convient pas

Le message important à retenir avec la colère, c’est que c’est une émotion qui vous invite à prendre vos responsabilités et à agir. Très souvent, et c’est humain, on a tendance à blâmer et accuser les autres quand on se sent en colère. En réalité, la colère se manifeste pour attirer votre attention sur le fait que vous avez besoin de vous affirmer et vous faire respecter dans vos besoins ou vos valeurs.

La peur est l’émotion garante de notre protection. Elle peut être vue comme une pédale de frein qui invite à conduire et aborder les virages de notre vie avec prudence.

On la ressent face à un danger (qu’il soit réel ou perçu), face à l’inconnu, la nouveauté ou le changement.

Elle nous signale un besoin d’être protégé∙e, de nous sentir en sécurité, d’anticiper, de nous préparer, d’oser explorer.

Quand vous ressentez de la peur, c’est votre cerveau qui vous signale :

• Ce qui pourrait arriver si vous ne réagissez pas
• Ce qui pourrait arriver si vous ne vous préparez pas
• De faire le nécessaire pour vous sécuriser

On lit très souvent que seules 8% de nos peurs sont fondées sur un danger réel, tandis que 92% sont donc le fruit de notre imagination… Je n’ai pas réussi à retrouver la provenance de cette statistique dans une étude scientifique clairement identifiable. Mais elle illustre malgré tout une donnée importante : la majorité de nos peurs sont en réalité des constructions mentales.

C’est une idée relayée par des auteurs comme Lise Bourbeau, qui affirme que la majorité de nos peurs sont irréelles. On retrouve cette idée aussi chez Daniel Goleman, psychologue et auteur du livre “L’intelligence émotionnelle”. Il s’appuie notamment sur les travaux du neuroscientifique Joseph LeDoux pour expliquer que nos peurs et notre anxiété sont souvent disproportionnées. Dans nos sociétés modernes, les dangers menaçant réellement notre survie sont rares, contrairement à l’époque préhistorique où la peur nous permettait de survivre au quotidien.

Il est donc intéressant de s’en souvenir la prochaine fois que vous ressentirez de la peur. Demandez-vous si cette peur est bien fondée sur un danger tangible, ou si au contraire elle est le fruit de votre monologue intérieur.

La tristesse est l’émotion garante de la transition et du renouveau. Elle nous sert d’embrayage pour changer de régime et continuer à avancer dans notre vie en dépit des moments d’adversité.

L’origine de la tristesse réside dans la perte, la séparation, une grande déception, ou encore la transition, le changement.

Elle témoigne d’un besoin de ralentir, de se réconforter, en vue de guérir. Elle reflète également la nécessité de faire le deuil, qu’il s’agisse du deuil d’une personne, d’un projet, d’une situation, d’une relation, ou encore d’une habitude ou d’une partie de soi. La tristesse évoque également un besoin de se rendre disponible pour autre chose.

Quand vous ressentez de la tristesse, c’est votre cerveau qui porte à votre attention :

• Qu’il a intégré que c’était fini
• Qu’il est disposé à passer à autre chose
• Que si vous démarrez autre chose, vous cesserez d’être triste.

A noter qu’en réaction à la tristesse, nous avons tendance à nous recroqueviller sur nous-mêmes, ce qui entretient la tristesse. En sortant se sociabiliser ou en nous mettant en action, cela permet d’arrêter d’être triste petit à petit.

Je vous invite à regarder la vidéo ci-dessous qui m’a inspirée pour cet article. Elle explique les émotions de façon limpide et humoristique :